Musique en sourdine

Bob Dylan en concert

Un Dylan au grand chapeau qui perd en voix et gagne en présence.


  Auteur: Charles M.     Date: 9/04/2009

 

Ca n’a jamais été facile d’être Bob Dylan. Taxé de révélation, de traître, de fanatique, de hippy, de prophète puis d’anti prophète, de patriote puis de renégat. Pourtant quelle charge sur les épaules d’un seul homme : héros des sixties, demi-dieu pour ses fans, idole d’une génération puis d’une autre. Zimmy a toujours eu à confronter l’attente de ses fans et son envie de ne pas « plaire », d’avancer toujours, de demeurer ce bad boy à l’harmonica traçant sa route sans jamais se retourner. Alors durant son « Never ending Tour », s’il marmonne, est-ce avec surprise que l’on voit un Dylan usé, qui chante roque, qui évite de regarder le public et qui évite de s’épancher ?

A un peu plus de deux semaines de la sortie de son prochain album Together through life, et après près de huit ans d’une tournée ininterrompue sur les routes du monde entier Dylan est toujours là. Un homme seul face à son succès, face à son public, et un homme qui ne s’en sort pas si mal confronté à la vieillesse et aux générations de fans qui se renouvellent. Disons que si Dylan a perdu en voix il a gagné en prestance.

Les reprises sont de vraies reprises, on peine parfois à reconnaître le titre de la chanson, même les plus connues. De sa voix éraillée qui se chauffe mal Dylan sait se jouer, il la travaille, l’altère, la stéréotype. Parfois il ne chante pas, il parle à la cadence rythmée de la locomotive qui fuit à l’horizon ou du tambour qui donne le pas.

A la sortie du concert pourtant les critiques fusent au milieu des jeunes fans, des plus vieux et des gens qui se montrent. Le vieux poète chanteur se reposerait sur son succès d’antan, ses concerts seraient tous les mêmes, etc. Selon moi celui qui va voir Dylan a conscience d’aller voir…Dylan justement, qu’il ne se plaigne pas ensuite. Ce n’est pas si fréquent de pouvoir profiter d’un artiste qui ne cherche plus à se faire valoir. Qui respecte le public sans le draguer, qui maîtrise sa composition avec ses cinq musiciens parfaitement rodés. C’est d’ailleurs ce qu’on aime chez Dylan : il sait qu’il maîtrise et a les moyens de s’en vanter.

Double conclusion sur ce concert. Pour ceux qui aiment Dylan mais seulement les albums, les concerts passés, le mythe qui se meurt, ça ne vous fera rien. En revanche, pour les amateurs qui veulent accepter un artiste en fin carrière qui continue de vouloir faire rêver, chaque concert de Dylan est un plaisir. Il offre du rêve, celui de voir un vieux Cow boy qui a tant influencé sa génération, se démener encore et encore sur son clavier et son harmonica, avec son grand chapeau. Je me situe dans la seconde catégorie, de ceux qui aiment rêver encore l’un des derniers mythes vivant des années 60, époque du spontané. Pourquoi critiquer avant même de se donner le temps de profiter, vu le prix de la place il ne faut pas même se donner le choix !

 

“Il faut danser la vie” Nietzsche

"Au plus élevé trône du monde nous ne sommes encore assis que sur notre cul" Montaigne